[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le lieutenant (C.R.) Myrone Cuich (Maurice CUICH dans les milieux aéronautiques) est né le 6 février 1931 à Tourcoing dans le Nord. En 1939, habitant dans un petit village près de la base de Vitry-en-Artois dans le Pas-de-Calais, il connut les premiers aviateurs du groupe 1/36, puis ceux de la R.A.F. (B.E.F.-Air Component).
Après l'exode de 1940, c'est l'arrivée de la Luftwaffe et les sombres années de l'occupation et de la résistance, puis à nouveau le retour des Ailes Françaises avec le groupe Lorraine. Attiré très jeune par l'Aviation, l'aéromodélisme qu'il pratique à l'école primaire, le conduit à connaître Mme Germaine L'Herbier, de la Mission de recherche des morts et disparus de l'Armée de l'Air. Elle était venue dans ce village rechercher le corps du lieutenant André Stiquel, du C.G. 1/6, abattu aux commandes de son Curtiss le 26 mai 1940 dans le ciel de l'Artois.
Ensuite ce fut le vol à voile, puis l'Armée de l'Air, en 1951, comme mécanicien à l'E.A.LA. 55 dans le cadre de la lre D.I.V.A.R. en zone d'occupation en Allemagne. Sous-officier de réserve, il renoue avec l'Armée de l'Air au C.E.R.O. 302, puis sert sous contrat de Réserve-Active à l'ÈRALA 1/37 d'abord, ensuite à la 12e Escadre de Chasse. Promu sous-lieutenant dans le corps des officiers mécaniciens de l'Air, il continue à servir sous contrat aux Moyens techniques 10/110 de Creil.
Parallèlement, il devient instructeur, puis chef de Centre de préparation militaire Air où, pendant une dizaine d'années, il forma plus d'un millier d'élèves et réalisa plusieurs manuels techniques. Correspondant officiel de l'Antenne Air de Lille, conférencier passionné auprès des jeunes et des réserves, il déploie une immense propagande pour l'Armée de l'Air.
Conseiller animateur en Formation continue, il est actuellement éducateur technique dans un centre de jeunes en semi-liberté. S'intéressant dès son jeune âge à tout ce qui touche à l'Aviation et à l'histoire de l'Aéronautique militaire, il commence, dès 1965, à réunir les documents pour cet ouvrage qui lui a demandé plus de dix années de travail et parcourant plus de 8 000 km. aux fins de recherches, sans oublier un courrier volumineux consacré au sujet.
Ses états de service et son dévouement lui ont valu d'être décoré des croix de :
- chevalier de l'Ordre national du Mérite,
- des Palmes académiques,
- de l'Étoile de la Grande Comore,
- des médailles de l'Aéronautique, de l'Enseignement technique, de la Jeunesse et des Sports, de la médaille d'Or des Services militaires volontaires.
Je ai fait sa connaissance lorsqu'il m'a fait convoquer au bureau technique du 1/12 en 1971 ou 1972, après lui avoir écrit au sujet des Barracuda français. Comme j'étais historien débutant, à l'époque, je n'avais rien en documentation, lui ai-je répondu. Du coup, j'ai cessé d'exister et je suis resté planté comme un poireau dans le bureau avant de comprendre que je ne l'intéressais pas. Je suis reparti donc.
Quelques mois plus tard, le Tiger Meet de juin 1972 m'ayant fait un peu connaître, son attitude a changée et, comme il habitait Tourcoing et moi Lille, nous sous sommes régulièrement vu, jusque deux fois par semaine soit chez lui, soit chez moi.
J'ai appris à connaître le bonhomme, tout d'un bloc et sans rondeurs et ça me plaisait bien. Il m'a fait participer, avec des profils N&B, à son premier bouquin "Mission sans retour" consacré aux V1 dont les rampes de lancement étaient situées dans la Nord.
Un an avant que je ne quitte la BA 103, j'ai participé avec photos et légendes de celles-ci et d'autres, à son bouquin qui est devenu ensuite incontournable puisque très bien documenté, "l'aéronautique militaire 1912-1976".
Ma mutation, en 1977, a mis fin à la collaboration suivante (débutée pourtant) consacrée aux "avions de Guynemer", un de ses héros. Il avait d'ailleurs participé, je crois, à la remise en ordre de la stèle lui étant consacrée, à Poelkapelle.
Puis, de mon Sud-Ouest, j'ai été de temps à autres mis au courant de ses activités dont la puis écriée a été sans aucun doute, la commercialisation d'insigne métalliques d'escadrilles de l'armée de l'Air (ilk m'a confié qu'il n'avait fait réaliser que le Sioux du La Fayette). Ce milieu étant très gangréné par l'argent, quelques procès lui ont été faits, qu'il a gagné, selon les réponses à mes questions lors d'une de nos dernières rencontres comme le relate Fox.
Quoiqu'il en soit et ce que l'on pense, les historiens pionniers de l'aviation militaire française, comme lui, drainent derrière eux quelques histoires que le temps arrange à sa façon. Sachant qu'il n'était pas un malfaisant (je ne l'aurai pas fréquenté sinon), il m'a permis de comprendre beaucoup de choses sur les rapports humains, militaires, sans oublier la recherche du mieux côté historien. J'aurai toujours une pensée affectueuse pour lui, d'autant que sa vie privée était cahoteuse, aussi.
C'était un sacré bonhomme que je suis heureux d'avoir connu!
JJ
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