Si je me souviens bien, les chaînes sont appelées "barrière américaines" et servaient dans les années 50. L'avion engageait une sangle qui était attachée aux extrémités à deux grosses chaînes, lourdes, qui servaient à freiner l'avion. Le problème est que l'avion partait dans tous les sens à l'engagement en raison du frottement non symétrique des chaînes (entre autres). Et souvent la roulette avant pétait ou le train se rétractait avec les conséquences que l'on imagine.
Les barrière (filets) sont de conception française et il y en a eu plusieurs avant l'adoption de celle que l'on connait aujourd'hui. Le but était d'arrêter l'avion, quel que soit son poids et sa vitesse (raisonnable toutefois) en 300 mètres au maximum en raison de la longueur du POR (longueur standard de la Partie Occasionnellement Roulable) ou "prolongement de piste".
Si je me souviens bien, la première entrée en service était la F20 (20 brins verticaux) mais elle s'avéra inadaptée pour les avions lourds (Vautour etc.) et il apparut nécessaire de la doubler par une autre à quelques mètres au-delà.
Finalement, est née la F40 unique (40 brins verticaux) avec des freins à tambour à freinage proportionnel en raison du poids et de la vitesse. Un Mirage 4 à pleine charge a été arrêté au décollage, à Cambrai, en 240 mètres. Il avait légèrement dévié et s'était arrêté avec un train dans l'herbe, il a revolé dans la semaine qui a suivi, après vérification de la cellule.
Si les images de la video sont impressionnantes (essais filmés à Istres sur une piste spécialement aménagée), ce ne sont que les essais. Dans la réalité, les avions ne perdent que les antennes et sondes extérieures et sont rarement froissés ou gravement détériorés. Ils peuvent donc rapidement être remis en service, ce qui est le but.
Petite anecdote: à Solenzara, le terrain était utilisé par les Belges et les Français. Et les Belges avaient des F-104. La légende dit que le bord d'attaque des ailes de F-104 étaint tellement coupants que les mécanos mettaient des protections pour ne pas s'entailler sur ces lames de rasoir. Et l'angoisse était qu'un F-104 engage la barrière et la découpe comme du beurre. Et ce qui devait arriver, arriva: un F-104 engagea la barrière de Solenzara... et elle remplit son office sans problèmes.
Mais on monta les brins d'arrêt pour les avions belges, équipés d'une crosse d'arrêt, en modifiant la procédure à la tour de contrôle (le contrôleur actionne un beaker qui met la barrière sur "automatique" ou sur "manuel").
Pardon s'il y a quelques inexactitudes (j'ai la flemme d'aller chercer la doc dans le garage) mais globalement, c'est ça.
Ca a été un de mes outils de travail pendant près de 20 ans.
JJ