Dissuasion nucléaire...

Bonjour à tous!

Ce petit message est destiné à ceux qui croient que la politique et l'armée ne sont pas associées ainsi qu'à ceux qui ne sont pas toujours conscients qu'ils sont à l'origine de l'Histoire lors de leur participation à la vie politique du pays.

Petit rappel historique...

A la fin des années 50 étaient lancés les programmes du sous-marin nucléaire et du Mirage IVA porteur de la bombe atomique. Au début des années 60, le président de la république du moment exigeait que la bombe nucléaire américaine, gérée par l'administration américaine et stationnée sur le sol français, au sein d'unités américaines ou françaises, passe sous contrôle administratif français.
Simultanément, afin de se libérer des dettes envers les Américains, le président de la république divisait les dettes françaises par 100 en créant le "nouveau franc". Les Américains refusaient que la "bombe" passe sous contrôle français.

Au même moment, l'arme nucléaire française était opérationnelle, le président de la république annonçait alors son retrait de l'OTAN, son autonomie au niveau de la défense du pays et son indépendance au niveau de la défense.
Cela a amené nos porte-avions avec leurs unités formées d'Alizé et Etendard, comme l'arrivée des Crusader, Mirage IVA et C-135F qui contribuaient à l'indépendance de la défense militaire française. Sans oublier le plateau d'Albion et d'autres choses militaires...
Pendant près de 40 ans, les fans ont admiré le Mirage IVA sans penser à ce qu'il représentait au niveau histoire. Mais il reste actuellement le C-135F qui témoigne encore de cette époque.

Aujourd'hui, après les élections qui ont données un nouveau gouvernement à la France, on peut lire dans le journal de ce jour (22 juin 2012) que:
" Le secrétaire national du PCF a estimé hier que la proposition de Michel Rocard de supprimer la force de dissuasion nucléaire française méritait "réflexion". Pierre Laurent a proposé que la France prenne des initiatives en matière de désarmement"

C'est le début de l'Histoire. Après ceux qui pleuraient de voir la fermeture de la base de Cambrai, nous aurons ceux qui vont pleurer de voir disparaître la base de Luxeuil, les Mirage 2000N et les Rafale porteurs de l'arme. Nous vivons l'Histoire, il faut en être conscient.

Ceci n'est pas une critique, mais "une prise de conscience" afin de ne pas perdre de vue que nos actes ont des répercussions à court, moyen et long terme. Que ce soit au niveau de nos relations privées ou publiques.

Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire... à vous de méditer sans vous voiler la face.
Vive l'aviation... même à voilure réduite!
JJ

Bonsoir

Pour Luxeuil, la dissuasion est déjà finie, les 2000N K2 de la base ont rejoint Chateaudun.
Leur place a été prise par les 2000 bleus de Dijon. Luxeuil, étant le fief d'un ministre de l'époque, a eu un sursis, mais ne rêvons pas, une immense base qui ne supporte qu'un escadron n'étant pas d'une rentabilité extrême, Elle risque bien de faire partie des premières victimes des prochaines coupes budgétaires.
Actuellement trois bases possèdent un DAMS rénové pour accueillir l'ASMP-A, Avord, Saint Dizier et Istres.

A+

Ironie de l'histoire, Michel Rocard qui s'est prononcé pour la fin de la dissuasion est le fils d'Yves Rocard, père de la bombe atomique française.

Preuve en est que lorsque j'ai quitté l'armée de l'Air, j'ai bien tourné la page pour ne pas être dégoûté par ce qu'il se passait, au point de ne plus imprimer les "changements" qui survenaient ensuite. Les Mirage IVA étaient disséminés un peu partout, la base de Luxeuil fut pour moi, la vraie représentante du nucléaire de l'armée de l'Air, car sa vocation était totale sur cette arme et la 7ème Escadre disposait d'un escadron Jaguar OTU, donc "pas tout à fait" dans l'ambiance FAS. Ce n'étaient pas les deux ou trois Mystère 20 SNA qui bouleversaient la vie de la BA 116.

Mais j'ai voulu avant tout souligner la future disparition de ce qui fait notre fierté (technologique en premier lieu) et notre indépendance politique et opérationnelle. L'esprit, pas plus... le détail a pour moi moins d'importance dans ce cas-là.
JJ

La possession de l'arme nucléaire fait de la France "un pays doté" (c'est le terme officiel), sachant que les pays qui ont accédé ultérieurement à l'arme nucléaire (Inde, Pakistan, Israël...) sont des pays "proliférants".
Cette notion est à géométrie variable en fonction des sensibilités politiques des uns et des autres. Ainsi, l'Inde et Israël ne font pas partie des "rogue states" (= Etats voyous") tels que les Etats-Unis en dressent la liste... Et, il ne faut pas oublier que la France a été considérée comme pays proliférant -par les USA- dans les années 60.

Il faut noter aussi que les cinq pays "dotés" (Etats-Unis, Fédération de Russie - héritière unique de feu l'URSS -, Grande-Bretagne, France et Chine, sont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU ; ce n'est pas un hasard.

Pour en revenir aux forces nucléaires stratégiques... Il y a trois composantes traditionnelles : aérienne, terrestre et sous-marine. La composante aérienne est la plus facile à développer (avion + bombe). Une fois la bombe au point, il "suffit" de trouver un bombardier ayant une capacité d'emport suffisante et le rayon d'action qui-va-bien compte tenu de l'objectif. C'est, très logiquement, la première qui est devenue opérationnelle aussi bien aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France et qu'en URSS). Quand ? disons à la fin des années 40 pour les premiers et dans les années 50.

La composante terrestre (missile balistique sol-sol embarquant une charge nucléaire) est plus complexe et n'a réellement débouché qu'à la toute fin des années 50 pour ce qui concerne les missiles puissants et intercontinentaux et la première moitié des années 60 pour ce qui est de l'aspect réellement opérationnel du système. L'URSS en a fait l'épine dorsale de ses forces stratégiques pour des raisons que je ne détaillerais pas ici.

La composante sous-marine est des trois la plus difficile à mettre au point ; le missile, la plate-forme, le guidage... autant de problèmes difficiles à résoudre ce qui explique qu'historiquement, c'est la dernière à avoir été mise au point.

En France, une fois la composante sous-marine opérationnelle, la composante aérienne s'est révélée moins utile ; c'est pourquoi un certain nombre d'unités aériennes équipées de Mir IVA ont été dissoutes après 1975 (je crois que c'est la bonne date)... et la mise au point de missiles de croisière à l'emploi relativement "flexible" a cependant permi de conserver une partie des Mirage.

Je n'avais jamais fait le lien entre la dissolution des 3 premiers Escadrons de Mirage IV en 1976 et la mise en service des "boumiers" de la marine. Effectivement les 4 premiers SNLE ont été mis en service entre 71 et 76.

Merci Zarya de cet éclairage.