Bonjour à tous,
Je me permets de faire le point sur les North American P-51 & F-6 français afin de recaler les connaissances « très légères » de certains membres : ceux-ci pourront ensuite bomber le torse en montrant leur connaissance du sujet aux autres « savants » de l’aviation française.
Ces avions de reconnaissance, reconstruits à partir de cellules existantes de P-51B, C, D, n’ont servi de manière opérationnelle qu’au sein de la 33 ER, particulièrement au Groupe de Reconnaissance 2/33 Savoie.
Afin de mettre les idées en place, il est bon de rappeler que le 33ème Régiment de Reconnaissance était formé des escadrilles suivantes :
1e escadrille : la Cocotte (MF 11)
2e escadrille :la Panthère Rouge (BR 44)
3e escadrille : le Hache d’A. Bordage (SAL 33)
4e escadrille : la Mouette Rhénane (sans traditions)
A la mobilisation (août 1939), les groupes 1 et 2/33 deviennent autonomes, ce dernier adopte la Croix de Lorraine à laquelle sont incrustées les deux insignes d’escadrilles. Le Croix de Lorraine symbolise, à cette époque, la longue période de stationnement à Nancy, capitale de la Lorraine.
A l’armistice, le repli sur l’Afrique du Nord amène quelques remaniements dans l’organisation des groupes et naissent les nouveaux 1 et 2/33 (respectivement ex- 3/33 et 4/33). La dissolution de divers groupes après l’opération Torch amène encore de la confusion, tant dans l’organisation que dans l’équipement. Les deux premiers F-4 Lightning (de quatre) arrivent en mars 1943 mais le 2/33 continue à voler sur MB 174.
Début 1944, la 2e escadrille (MB 174) est dissoute pour être re-créée dans la foulée sur Hurricane. Deux mois plus tard, en mars, l’escadrille perçoit ses premiers Spitfire. La situation reste inchangée jusqu’en décembre 1944 ou la 1e escadrille commence à s’organiser en vue de sa future autonomie en tant que groupe.
Le groupe 2/33, 1ère escadrille donne naissance au groupe 1/33 par scission des deux escadrilles : la « Hache » est partie vivre sa vie lors de l’arrivée des F-4/F-5 Lightning en donnant naissance au Groupe 1/33 Belfort. Le GC 2/33, 2ème escadrille est devenu le GC 2/33 Savoie le 1 janvier 1945, date identique pour le GR 1/33. Cela explique que ces deux groupes, 1 et 2/33, ne disposent que d’une seule escadrille.
Donc, si le 1/33 a disposé rapidement de matériel de pointe avec le Lightning juste après le débarquement Allié de novembre 1942, le 2/33 a été le parent pauvre en prenant la reconnaissance tactique (champ de bataille) et volant sur du matériel moins évolué dans la mission : Hurricane, Spitfire PR/Mk5, PR/Mk9 « bricolés » ou non.
Ce n’est qu’au début 1945 que le groupe perçoit ses premiers F-6 Mustang, version reconnaissance armée du P-51. A ce propos, l’armée de l’Air a reçu tous les types de F-6 : F-6B, F-6C, F-6D et un P-51D « capturé ».
Ces avions sont directement livrés à partir de l’Angleterre (probablement aux couleurs anglaises pour la plupart) par des pilotes américains pour le premier lot, les Français se chargeant des suivants.
Ces avions resteront en service jusqu’en 1952, date d’arrivée des (R) F-84G, cannibalisés au fur et à mesure pour maintenir les derniers en vol opérationnel.
Les Mustang français étaient complètement standard au regard des américains, si ce n’est un « biplace » (au moins) bricolé par la mécanique comme c’était le cas dans pratiquement tous les groupes de chasse français. Les avions étaient en métal naturel au niveau cellule et peints alu au niveau des voilures. En effet, dans le but d’améliorer les performances des ailes et empennages, les surfaces étaient soignées par un arasage des têtes de rivets, suivi de ponçage, et peinture avec apprêt, sous-couche et couche d’aluminium mat. Il est possible qu’une couche de vernis ait été apposée mais je n’ai pas d’information là-dessus.
Quelques appareils portaient les bandes d’identification noires sur les ailes et plan fixe horizontal, ainsi que le nez. Le P-51D « récupéré », venant de la campagne d’Italie, devait avoir les bandes jaunes sur les ailes et le nez rouge selon les normes administratives en vigueur sur ce théâtre d’opération.
Voilà, en résumé, ce que l’on peut dire sur les F-6 français en complément du post émis précédemment.
Une dernière chose au niveau des codes. Lorsque les forces ayant combattu pendant la campagne d'Italie ont rejoint les forces du débarquement, au début 1945, le tout est passé sous administration anglaise. Il en a résulté l'attribution de lettres-codes aux unités composant celles de la campagne d'Italie et sous administration américaine. Le 2/33 est alors passé d'une identification par groupe de deux chiffres à "R7". Ce code a été peu à peu délaissé après la fin de la guerre au profit de la seule lettre individuelle. Et les avions ont ensuite reçu, chacun, un nom de baptême correspondant à une ville de Savoie, peint sur le capot moteur.
Dessous, je poste un plan trois vues d’un F-6 avec cabine type Malcolm, ce serait le Mustang ayant le plus grand nombre d’heures de vol au Savoie.
JJ
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