Bonjour à tous,
Je reviens sur le Jaguar car j’ai une tendresse particulière pour cet avion. L’excellent livre de mon président d’association APPA dit tout sur le sujet mais, d’après ce que j’ai pu constater sur le forum, le Jaguar a l’air d’être un aussi vieil avion que le SPAD.
Donc, pour recaler les billes, je vous fais un petit historique sans prétention des Jaguar E dans l’armée de l’Air.
Le Jaguar a été initialement prévu comme avion d’entraînement avancé (spécialisé OTU, si vous voulez) et le premier avion construit était biplace. Toutefois, une maquette échelle 1 a été construite pour démonstration dans divers salons aéronautiques, dont celui de Tokyo en 1965. Cette maquette, de reconnaissance, était aux couleurs de la 4 EC !
Rapidement, comme le parc aéronautique OTU et tactique vieillissait rapidement à l’époque (années 1960 -1970) les responsables de l’armée de l’Air on voulu que l’avion soit un avion de combat tactique pour combler le manque qui allait se produire : extinction des F-100, Vautour et autres Mystère IV et SMB 2.
Toutefois, n’allant pas au bout de la volonté pour diverses raisons, le Jaguar n’a pas vraiment évolué comme avion de combat et est resté au stade OTU avancé. De leur côté, les Anglais, partenaires du projet, ont mis le paquet et en ont fait un avion de combat réel.
Au niveau des commandes, théoriquement les Anglais et Français devaient se partager la commande de 400 avions en deux parties égales. Dans les faits, le CEAM a reçu ses premiers exemplaires en 1971 et le 200ème avion (A160) a été pris en compte le 14 décembre 1981.
Des 200 avions français, 40 ont été officiellement des biplaces (43 dans la réalité).
Avec les biplaces a été instaurée une nouvelle philosophie dans l’armée de l’Air : une unité OTU de biplaces. En effet, mise en place depuis le printemps 1966, le 2/2 Côte d’Or qui regroupait tous les Mirage IIIB de l’armée de l’Air (excepté le CIFAS) avait démontré le bien-fondé de cette philosophie.
Donc, excepté le 1/7 Provence, créé sur des monoplaces Jaguar, le second escadron Jaguar a été le 2/7 Argonne dont les flamboyants insignes ornaient les dérives. A l’époque, un escadron ne totalisant qu’une vingtaine d’avions, cela en laissait autant sur le pavé. Le commandement a donc décidé d’octroyer un à deux biplaces à chaque escadron Jaguar « pour le contrôle et l’entraînement » des jeunes pilotes et abonnés.
Ceci explique que CHAQUE escadron Jaguar possédait un biplace au moins, dont voici une liste incomplète, uniquement pour information :
CEV :E1
CEAM : E2/118-AC, E6/ 118-AH
EC 3/3 Ardennes :E5/ 3-XD, E18/ 3-XO
EC 1/7 Provence : E3/ 7-HL, E43/ 7-HK
EC 3/7 Languedoc : E8/ 7-IJ, E29/ 7-IJ
EC 4/7 Limousin : E12/ 7-NK, E38/ 7-NN
EC 1/11 Roussillon : E16/ 11-EQ, E24/ 11-EM
EC 2/11 Vosges : E19/ 11-MB, E27/ 11-MA
EC 3/11 Corse : E20/ 11-RV, E37/ 11-RD
EC 4/11 Jura : E22/ 11-YY, E39/ 11-YX
Maintenant, les photos car rien ne vaut l'image comme certains le pensent, au détriment de la doc mais j'espère que les photos seront enrgistrées avec les légendes, ce qui serait plus intelligent:
Jaguar E02 au roulage après atterrissage lors du Salon du Bourget 1971. Noter le carénage de l'antenne UHF, au sommet de la dérive, gris au lieu de noir.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ici, un Jaguar E du CEAM (E8/ 118-AB), en test réacteurs après révision à l'échelon base le 21 août 1981. Beau sujet de diotama, non?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ci-dessous, le Jaguar E2/ 3-XO décolle en janvier 1984 pour un retour sur Nancy. Après quelques années sur Jaguar, l'escadron est passé à nouveau sur Mirage IIIE, ce qui a fait dire aux pilotes de l'Ardennes que le "3/3 était le seul escadron de l'armée de l'Air à régresser en matériel!"
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ici, le Jaguar E3/ 7-HL roule à Marsan le 3 août 1983, pour un retour sur Saint-Dizier. Noter la perche de "ravitaillement" rétrofitée sur les premiers E, remplaçant la perche pitot standard.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le E38/ 7-PM, de l'EC 2/7 Argonne, prend son biberon le 3 mars 1989 dans le ciel de l'Aquitaine. Le manque de monoplaces (très certainement) fait que l'entraînement s'effectue sur un avion biplace, moins pratique avec sa perche très en avant et, donc, peu visible.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le 7 août 1987, le Jaguar E5/ 7-IJ, du 3/7 Argonne, vient de passer devant la tour de contrôle de Mont de Marsan, roulant pour la piste 27. La chaleur de l'été fait que les pilotes aimaient bien rouler la verrière ouverte. Notez aussi l'aspect un peu terne de la peinture.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Maintenant, c'est le tour du 4/7 Limousin de présenter son Jaguar E. Pour l'occasion, le E32/ 7-NE est le seul biplace du Limousin qu'il m'ait été donné de voir, en ce mois de février 1986, cette unité ne se déplaçant que rarement sur la BA 118.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Au tour de la Onze, size à Toul, de montrer ses Jaguar type E. Le premier est bien sûr un avion du 1/11 Roussillon: le E24/ 11-EM stationne sur le parking de la BA 118 le 21 avril 1986. Vous aurez remarqué l'inscription "JAMES" au niveau de la cabine arrière, certainement le prénom d'un mécano ayant gagné un tour... ceux-ci, malheureusement ne volant que beaucoup trop rarement à leur gôut (et plus aujourd'hui)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il faut me croire sur parole, le Jaguar dessous est le E6/ 11-ME, de l'EC 2/11 Vosges. En ce 3 mars 1989, le pilote en stage ravitaillement en vol est seul à bord, ce qui fait râler un crevard moyen qui n'aime pas voir une place arrière vide! Nous remarquerez que l'on fait plus moche comme avion et, personnellement, je trouve que le Jaguar E a une ligne superbe!
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous arrivons maintenant tranquillement à l'EC 3/11 Corse qui, en son temps était spécialisé en opérations extérieures avec ses F-100. La mission a été poursuivie avec les Jaguar mais le Corse en a peu à peu perdu l'exclusivité. Remarquez aussi la cocarde de fuselage décollée par la chaleur du microturbo de démarrage... avarie connue sur Jaguar. Anciennement 7-PF, la lettre R a été repeinte avec une peinture bien plus mate.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Voici maintenant le dernier escadron de la Onze, le 4/11 Jura, qui lui aussi, avait des biplaces, comme tout le monde. C'est la contestation de ce fait qui a amené ce post qui, j'ai l'impression, n'était pas superflu!
Le E39/ 11-YZ est vu ici à quelques secondes d'entrer dans un nuage lors d'un vol basse altitude le 3 mars 1989. Les insignes que portaient les F-100 ornent ici la dérive de l'avion en grand format, bien sûr...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J’ai bien sûr gardé sous le pied la liste complète des affectations des biplaces pour les sceptiques, car il y en aura toujours. Une dernière chose, sauf exception, toutes ces photos ont été prises par mon bon vieux Nikon F!
Voilà, j’espère que les choses sont plus claires pour vous maintenant et que cela vous donnera des idées et des exemples pour réaliser des maquettes de Jaguar biplaces, d’autant que certains ont effectué des missions de guerre en Mauritanie, vous en aurez le détail dans le bouquin d’Alain Vezin consacré au Jaguar, le SEUL bouquin valable sur le sujet, écrit par un fondu d’aviation et néanmoins pilote de Jaguar à la Sept pendant une vingtaine d’années !
A vos maquettes !
JJ